L’Affiche rouge, un symbole renversé
Le Président de la République, Emmanuel Macron, a fait entrer au Panthéon Missak Manouchian, le 21 février 2024, quatre-vingts ans exactement après son exécution par les nazis. C’est un symbole majeur pour la période troublée que nous vivons.
Le Président veut ainsi rappeler à tous nos contemporains que des étrangers : Polonais, Hongrois, Roumains, Espagnols, Italiens, ou Arméniens se sont battus et sont morts pour la France et la liberté du peuple français.
Le processus débuté dans une officine « antibolchévique » des armées d’occupation afin d’accabler les « terroristes » et convaincre les Français des bienfaits de la répression nazie, a finalement abouti à l’effet inverse : la panthéonisation du chef de ce groupe. Au moment de faire entrer Manouchian au pinacle de la nation, il importait de mettre en lumière l’ensemble de cette campagne de propagande sans se contenter du seul avers de l’Affiche rouge.
Didier Daeninckx, dans l’introduction, donne les éléments de contexte indispensables en rappelant que si l’on panthéonise ce groupe, et pas un autre, c’est du fait de cette campagne de propagande ratée et de la constante volonté des communistes de rappeler que les membres de ce groupe sont des héros.
Didier Daeninckx, romancier, a consacré une grande partie de son travail à ausculter au moyen de la fiction les périodes sombres de l’histoire contemporaine française. En témoignent ses livres sur les fusillés pour l’exemple (Le der des ders, Gallimard), la guerre d’Algérie (Meurtres pour mémoire, Gallimard), les exhibitions ethniques (Cannibale, Verdier). Il a consacré un roman à Missak Manouchian (Missak, Perrin 2008) ainsi qu’un album pour la jeunesse (Missak, l’enfant de l’Affiche rouge, Rue du Monde 2009). À l’occasion de la panthéonisation de Missak Manouchian, il publie un roman graphique aux Arènes, avec le dessinateur Mako Missak Manouchian, une vie héroïque.